[Environnement] Captage de la Dhuis : un sujet tabou ?

Parallèlement à la mise en place du plan de gestion piscicole du bassin versant du Surmelin pour l’AAPPMA

" La Truite Arc-en-Ciel " de Condé-en-Brie, la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique s’est attachée à la problématique liée au captage de la Dhuis à Pargny-la-Dhuys, identifiée comme un facteur dégradant la qualité écologique du cours d’eau " la Dhuis ".

 

La Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique et l’AAPPMA " La Truite Arc-en-Ciel " de Condé-en-Brie

 

La Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique est une association au titre de la loi 1901, dont les missions sont l’encadrement et le développement de la pêche de loisir, l’éducation à l’environnement, ainsi que la préservation et la restauration des milieux aquatiques du département, missions reconnues d’intérêt général. Elle bénéficie également d’un agrément au titre de la protection de l’environnement. La FAPPMA est aussi habilitée à être désignée pour participer au débat sur l’environnement dans le cadre de certaines instances dans le département de l’Aisne. La FAPPMA fédère les 67 Associations agréés pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique du département de l’Aisne, regroupant ainsi près de 10 000 membres actifs.

 

L’AAPPMA " La Truite Arc-en-Ciel " de Condé-en-Brie possède ses parcours de pêche sur la Dhuis, mais aussi le Surmelin, la Verdonnelle et le ru de Saint-Agnan. Bien implantée localement, l’association attire aussi de nombreux pêcheurs du bassin parisien. Les bénévoles assurent une gestion patrimoniale et protectrice des milieux aquatiques : aucun déversement de poissons, remise à l’eau obligatoire mais aussi entretien et restauration des zones de reproduction des espèces piscicoles. La sensibilisation fait aussi partie des activités de l’association.

 

Le captage de la Dhuis

 

La Dhuis est un petit cours d’eau salmonicole majoritairement axonais, d’une vingtaine de kilomètres, affluent du Surmelin, sous-affluent de la Marne. Dès la fin du XIXème siècle, ses sources d’une eau de qualité sont captées et distribuée par l’aqueduc de la Dhuis, vers la région parisienne, qui manque d’eau suite au très fort accroissement de la population.

 

…il sert maintenant à alimenter le centre commercial et de loisirs, mais aussi les installations de la société Disneyland Paris

 

Aujourd’hui, les infrastructures sont gérées par la Communauté d’agglomération de Val d’Europe. La prise d’eau de la Dhuis sert notamment à alimenter le centre commercial Val d’Europe ainsi que les installations de la société Disneyland Paris (sources : DDT Aisne).

 

…il est à l’origine de dysfonctionnement du bassin versant

 

L’impact des prélèvements en eau sur le bassin versant du Surmelin a été souligné dans le Plan Départemental pour la Protection et la Gestion des ressources piscicoles du département de l’Aisne : 30 % des atteintes de la capacité d’accueil et 20 % des atteintes de la capacité de production du bassin versant du Surmelin.

 

Le déficit d’eau réduit la surface de zones de reproduction potentielle et d’habitat ; ce déficit hydrique favorise aussi le colmatage et le réchauffement de la température du cours d’eau : une température supérieure à 19°c est impactante pour la Truite fario. De même l’autoépuration du cours d’eau n’est plus assurée. La reproduction, la croissance et l’alimentation de la Truite fario, espèce la plus emblématique de la Dhuis, y est donc perturbée (on pourrait aussi citer le Chabot, la Lamproie de Planer, les invertébrés aquatiques, etc.). Ce prélèvement aura d’autant plus d’impact sur le cycle biologique des espèces piscicoles avec les dérèglements annoncées du climat.

 

Globalement, bien que classée en « bon état écologique », la Dhuis présente de nombreux dysfonctionnements et atteintes (ce qui remet d’ailleurs en cause les critères d’évaluation de la Directive Cadre sur l’Eau…). En toute logique, cette atteinte quantitative à l’amont du cours d’eau est une source supplémentaire de dérèglement pour l’ensemble du bassin versant.

 

La FAPPMA se mobilise pour en savoir plus sur ce captage

 

En 2015, lors d’un comité de pilotage du Contrat Global d’action des bassins-versants du Surmelin et du Petit Morin, la FAPPMA avait demandé à ce que soit réalisée une étude de l’impact de la prise d’eau de la Dhuis sur le fonctionnement hydro écologique du cours du cours d’eau. Ce souhait a été rappelé en 2016 lors d’une réunion dans le cadre de l’évaluation du contrat global 2008-2014. Cette étude impact pourrait être associée à celle réalisée dans le cadre de la DUP du captage.

 

Face à l’inaction locale, la FAPPMA a rapidement contacté la Direction Départementale des Territoires de l’Aisne (cf. courrier du 1er septembre 2016) afin d’obtenir des informations sur la réglementation liée à la prise d’eau (volume de prélèvement autorisé, modalités de suivi, existence d’un débit minimum biologique, etc.).

En réponse, la Direction Départementale des Territoires de l’Aisne nous a joint le décret d’autorisation de la prise d’eau (1862) et nous a aussi dirigés vers la communauté d’agglomération de Val d’Europe.

 

Le 13 décembre 2016, un courrier a été adressé à Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération de Val d’Europe afin d’établir un premier contact en vue d’obtenir les coordonnées de la personne ressource à ce sujet et/ou des informations qui répondraient à nos interrogations sur l’utilisation de la ressource en eau de la Dhuis.

Suite à l’absence de réponse de sa part, nous avons pris l’initiative d’établir un courrier multi destinataire, co-signé avec l’AAPPMA

" La Truite Arc-en-Ciel " de Condé-en-Brie, (cf. courrier du 10 mars 2017) pour espérer obtenir davantage de réponses à nos interrogations sur la problématique. Dans ce dernier courrier, nous rappelons les impacts observés sur le cours d’eau et les enjeux réglementaires du bassin versant. Malheureusement, aucune réponse à ce courrier ne nous a été formulée. Aucun service de l’État n’a non plus réagi, ce que nous regrettons.

Mais cette absence de réponse ne fait que renforcer notre détermination et nous pousse à élargir nos recherches et donc la liste des destinataires de nos courriers, mais aussi à débuter une protestation active. Un nouveau courrier, en date du 11 septembre 2017 vient d’être envoyé à Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération de Val d’Europe.

 

Nous ne souhaitons aucunement que la Dhuis, qui est l’une des plus belles rivières du département avec un potentiel pêche important (dont la pratique peut représenter un impact économique positif non négligeable à l’échelle locale), ne subisse le même sort que d’autres cours d’eau français (la Loue ou la Bienne pour ne citer que les plus emblématiques…) dont la qualité écologique se dégrade à vue d’œil. La notion de service écosystémique, dont on entend beaucoup parler en ce moment, prend alors tout son sens tant que la qualité écologique de la Dhuis reste bonne… Mais pour combien de temps encore ?

 

Contacts :

. Jean-Pierre Mouret, Président de la FAPPMA : mouret@peche02.fr

. Dominique Toussirot, Président de l'AAPPMA "La Truite Arc-en-Ciel" de Condé-en-Brie au 06 79 12 61 21et

dom.steph02@orange.fr

. Romain Marlot, Technicien de la FAPPMA au 06 07 67 94 78 et  marlot@peche02.fr

FAPPMA

Crédit photos : FAPPMA

 

 

La Dhuis en aval de la prise d'eau le 31 août 2016. Présence d'algues filamenteuses et recouvrements biologiques verdâtres. État proche de l'insalubrité.

 

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Courrier 1 Septembre 2016.pdf
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