[Vœux] Agglo de Château-Thierry. 2025 : le redressement comme maître-mot

Modifié le 30/01 à 15h45

 

La cérémonie des vœux de l’Agglo de Château-Thierry s’est déroulée, lundi soir 27 janvier, Espace Commun à Brasles. Une cérémonie rehaussée par la présence de la préfète de l’Aisne, Fanny Anor, accompagnée du sous-préfet de l’arrondissement de Château-Thierry Stéphane Paccard.

 

Assis, debout, ou appuyés sur des mange-debout, élus du territoire, invités et curieux, ont prêté une oreille attentive au discours du président

de l’Agglo Sébastien Eugène.

 

À l'instar de la préfète de l'Aisne, le patron de l'Agglomération de Château-Thierry n'a pas fait de langue de bois au cours de son propos

de 40 minutes. Un propos ponctué de punchlines particulièrement marquantes afin de capter l'attention de l'auditoire. Au grand dam

d'un participant regrettant « l'agressivité d'un président qui prône par ailleurs l'apaisement ».

 

Une fois encore, les oreilles de certains élus Sud Axonais en activité ou à la retraite, absents de la cérémonie, ont dû siffler en ce lundi soir.

 

 

Il a dit !

 

« Je tiens simplement à remercier toutes celles et tous ceux qui ont su dépasser leur sensibilité politique, leur différence de vue et leur histoire personnelle, pour se rassembler dans l’intérêt de notre agglomération.

 

Il y a encore 1 an, faire travailler certaines personnalités qui m’entourent [Sébastien Eugène se tourne alors vers Éric Mangin, deuxième vice-président de l’Agglo et nouveau « ministre des finances » NDLR] aurait paru impossible. Et pourtant, nous l’avons fait. Avec le recul, je pense

que dans quelques années, nous considérerons que 2024 aura été salutaire.

Elle nous aura tous conduits à mieux identifier les difficultés parfois même des manquements au sein de notre agglomération notamment en matière budgétaire et organisationnelle.

 

Normalement, après l’élection d’une nouvelle équipe exécutive, celle-ci bénéficie de plusieurs années de calme pour asseoir son action. Malheureu-sement, dans notre cas, cette élection a eu lieu moins de 2 ans avant le renouvellement normal des instances communales et donc intercommunales. Je crains que nous ne puissions pas bénéficier de cette période de relatif apaisement entre deux échéances électorales.

 

C’est pour cela que malgré tous nos souhaits pour une année 2025 plus sereine, et je pense sincèrement qu’elle pourrait l’être, elle ne le sera certaine-ment pas autant que nous pourrions l’espérer. D’autant que généralement, lorsqu’un président démissionne, il se met en retrait permettant à la nou-velle équipe de passer à autre chose et de se tourner entièrement vers l’avenir. Malheureusement, là aussi, je crains que cela ne sera pas le cas.

Et on va continuer à nous demander de réaliser en quelques mois, ce qui n’a pas été fait en près de 8 ans.

 

Naturellement et c’est normal, le débat politique s’intensifiera aussi à l’approche des élections communales et donc intercommunales. Quoi qu’il en soit, nous poursuivrons le cap défini il y a 8 mois. Pour 2025, le maître-mot sera le redressement. Notre agglomération devrait être le moteur du Sud

de l’Aisne. C’était d’ailleurs son ambition originelle. Or, elle est considérablement affaiblie. Il faut donc qu’elle se fortifie. Et quand je dis cela, je ne donne pas dans le virilisme, dans le sentiment de puissance que tant de politiques raffolent. Je dis cela car seule une agglomération forte pourra vérita-blement améliorer le quotidien des Sud Axonais.

 

La première condition d’une agglomération plus forte, c’est le redressement de ses finances. »

 

Avec un propos tenant en 40 minutes, Sébastien Eugène n’a pas souhaité passer 2 heures à parler des finances de l’Agglo mais en a donné

un aperçu. « Cette fable résume bien la situation. » lance alors le président en se tournant vers l’écran géant sur lequel l’auditoire pouvait apercevoir une cigale et une fourmi.

Déficit fin 2024 atteignant les 2 millions d’euros, « 4 fois plus que ce qui était prévu », réserves consommées : le résultat de l’audit du Cabinet indépendant est disponible sur le site de la CARCT.

 

La tête dans le mur

 

« Le problème pour notre agglomération, ce n’est pas que nous voyons que nous allons dans le mur. Le problème, c’est que l’on a, déjà, la tête dedans. Fin 2024, le budget assainissement était dans un tel état que la question était de savoir comment nous allions payer les salaires

de nos agents.

Ces entreprises ont été payées avec plusieurs mois de retard et je tiens, au nom de notre agglomération, à leur présenter nos excuses. Cela, c’était avant que le Trésor Public nous indique, c’était un peu mon cadeau de Noël, que nous avons perçu de la TVA sur l’assainissement depuis des années, mais que cette TVA n’a jamais été reversée à l’État. Cela représente plus de 300 000 euros d’arriérés uniquement pour 2024. »

 

Pas de contrôle de la Chambre Régionale des Comptes

 

Face à cette situation et comme il avait été convenu en Conseil communautaire, le président de l’Agglo avait souhaité un contrôle

de la Chambre Régionale des Comptes (CRC).

Le sous-préfet lui a rappelé que les magistrats de la CRC sont indépendants et que l’on ne pouvait pas les enjoindre à réaliser un tel contrôle.

Et Sébastien Eugène d’évoquer alors sa surprise d’une nouvelle demande d’un tel contrôle de la part « des fantômes de la politique locale ».

 

Calendrier budgétaire avancé et voté dès le 3 février

 

Contrôle de la CRC ou pas, pour Sébastien Eugène, l’agglomération est au pied du mur : « Je m’étonne que l’on puisse encore nous inviter

à nous y enfoncer plus encore, plutôt que de redresser la barre. Car si nous continuons à laisser couler les déficits, le budget serait mis sous tutelle et

dans ces cas-là, les préfets ne cherchent pas à faire dans la dentelle. Ils augmentent fortement le taux de fiscalité jusqu’à ce que le budget s’équilibre.

 

En 2025, pour tenir compte des dépenses et de la raréfaction des recettes, cela aurait représenté 5,4 points de fiscalité supplémentaire. Cela n’était évidemment pas concevable. Avec Éric Mangin, nous avons travaillé d’arrache-pied pour trouver les solutions et les mettre en œuvre le plus vite possible. Le calendrier budgétaire est avancé et voté dès le 3 février. »

 

Économies drastiques et hausse des tarifs

 

Personnel, salaires, charges courantes, communication, événementiel, hausse des tarifs : L’Agglo va prendre des mesures radicales.

 

« Nous avons commencé à réaliser de grands efforts d'économies. Sur le personnel, si on met de côté les dépenses que l'on ne maitrise pas,

nous allons faire un effort sur les charges de personnel d'environ 400 000  euros. C'est très conséquent et nous proposons avec Françoise Biniec

[5e vice-présidente en charge des Ressources humaines et des Affaires générales NDLR], de compenser cet effort vis à vis des agents qui restent.

 

Les CDI qui n'ont pas été revalorisés, parfois depuis plus de 10 ans malgré une très forte inflation, le seront enfin. Notamment dans les métiers difficiles que sont les Services d'Aide à Domicile. Sur les charges courantes, si on met l'électricité et le gaz de côté dont nous ne maitrisons pas les prix, nous proposons une économie de plus de 10% et bien plus dans certains domaines. Nous proposons que les dépenses de Communication baissent de 40% et l'Événementiel de 35%.

Vous pouvez compter sur Patrick Poix [10e conseiller délégué en charge du Contrôle de gestion NDLR] pour trouver encore d'autres sources d'économies.

 

Alors que les chantiers structurants étaient délaissés, l'agglomération a été dispendieuse dans les domaines les plus superficiels. Le coût de cette cérémonie de vœux a été divisé par 4. L'an passé, alors que les finances de l'agglomération plongeaient, le coût des vœux avait explosé.

 

On a pris une mauvaise habitude dans cette agglomération, c’est d’augmenter les tarifs, non pas en fonction du coût de la vie, mais de façon sporadique. Cela n’a pas seulement créé de petits déficits. Cela a menacé la pérennité même de certains services. Le choix a donc été fait par les élus communautaires de les maintenir et de les rééquilibrer.

 

Un rattrapage sera donc appliqué en 2025. Il sera un peu douloureux et il est évidemment indispensable. Notre souhait ensuite, c’est que ces tarifs n’augmentent pas plus que l’inflation. Si on additionne les économies d’un côté, l’augmentation des tarifs de l’autre, le compte n’y est pas. Nous avons beau retourner les chiffres dans tous les sens, cela ne passe pas. Si rien n’avait été fait, la Contribution Foncière des Entreprises aurait dû être augmentée de 5,4 points. Finalement, grâce aux efforts, ce qui est proposé au budget, c’est une augmentation de 1,4 point. »

 

Un gros chantier

 

Redresser les finances ne suffira pas à faire de l’Agglomération un acteur structurant. Pour Sébastien Eugène, « la problématique sous-jacente est l’organisation de notre administration. Un gros chantier qui va prendre des mois, des années. »

 

Le patron de l’Agglo ajoute : « Je ne vais pas ici exposer tout ce qui sera entrepris. Mais finalement, les habitants s’en fichent un peu. Ce qui compte ce sont les résultats. Mais le chantier, nous devons le mener et nous le mènerons avec l’ensemble des agents communautaires. Pour eux aussi, l’année 2024, n’a pas été simple mais ils ont tenu et je tiens chaleureusement à les en remercier. J’ai confiance en l’avenir tant la qualité des femmes et des hommes qui composent le personnel intercommunal est grande et leur détermination pour servir le territoire et ses habitants est totale.

Eux aussi comprennent que les changements organisationnels sont nécessaires dans un monde complexe. Une administration désorganisée rend une structure vulnérable.

 

Certains nous ont parfois pris pour des pinpins. Ils construisent un bâtiment, dépassent le montant prévu sans avoir demandé un accord préalable

et reviennent ensuite nous réclamer le paiement. On a laissé certains acteurs prendre de mauvaises habitudes. Ils le savent. Nous souhaitons

que l'agglomération, désormais, se fasse respecter.

 

Mais une agglomération forte et respectée, c’est aussi une agglomération en qui on peut avoir confiance. D’abord avec les communes. On l’a trop souvent oublié, l’agglomération n’est pas un niveau de collectivités supplémentaires, c’est une émanation des communes. La moindre des choses, c’est de travailler avec les communes. Une délégation a donc été spécifiquement créée, portée par la première vice-présidente Anne Maricot.

 

Le service se structure progressivement et il y a déjà des avancées. Un mois après notre élection, nous avons revu les critères d’attribution des fonds

de concours. C’est-à-dire les subventions d’investissements de l’agglomération aux communes. En 2023, seulement 7 projets avaient été acceptés.

En 2024, 22 l’ont été.  À fin 2024, nous avons remboursé toutes les avances réalisées par les communes en matière d’eaux pluviales. Grâce à la forte implication de Mohamed Rezzouki [10e vice-président en charge des Grands travaux, de l’Écologie et du Cycle de l’eau NDLR], certains dossiers étaient en attente depuis 2021. Dans quelques semaines, nous proposerons de simplifier et d’accélérer le remboursement des frais engagés par

les communes pour accueillir les accueils de loisirs.

 

Nous avons aussi amélioré notre soutien aux communes durant les inondations que nous avons subies au printemps dernier. Le soutien est encore un peu chaotique et donc nous souhaitons lui donner un cadre, cette année. Nous souhaitons amener plus de justice dans la prévention de ces inondations. Depuis 2018, l’agglomération est devenue compétente mais n’a finalement rien changé.

 

Ce que nous souhaitons avec Gérard Bricoteau [5e conseiller délégué en charge de la Gestion des milieux aquatiques et de la Prévention des inondations NDLR], c’est de mettre à plat le mille-feuilles actuel. Si des agglomérations ont été créées, ce n’est pas pour faire comme avant.

Si elles ont été créées, c’est pour avoir une vision stratégique globale sur plusieurs bassins versants. Dotée d’une stratégie en partenariat avec

les syndicats de rivières est donc la première étape. Il faudra ensuite la financer.

Nous proposerons donc comme la moitié des intercommunalités l’ont déjà fait en France, de mettre en place la fameuse taxe GEMAPI [taxe pour

la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations NDLR]. Celle-ci ne sera effective qu’en 2026, étant donné que nous deman-dons déjà suffisamment d’efforts à nos concitoyens sur cette année 2025. »

 

Encore plus d'info à venir.

DB

Crédit photos : Axomois Production

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