Centre Hospitalier de Château-Thierry : Pas de fermeture, pas de casse, pas de démantèlement de Jeanne de Navarre malgré un certain nombre de difficultés

Un point d’étape sur l’hôpital de Château-Thierry a été présenté aux élus du territoire, mercredi soir 11 décembre, au siège du PETR-UCCSA à Fossoy.

 

Pendant près d’une heure et demie, environ cinquante maires, adjoints et conseillers municipaux ont écouté Éric Lagardère, et échangé avec celui qui est directeur du Centre hospitalier

de Soissons et directeur par intérim du Centre hospitalier de Château-Thierry depuis 18 mois.

 

 

Ce haut fonctionnaire qui voulait être artiste, « mais a fait autre chose », était accompagné de deux de ses adjoints « les plus fidèles ».

D’une part, Cyril Marais, directeur délégué de l’hôpital de Château-Thierry dans le cadre de l’intérim de Éric Lagardère : « C’est Monsieur pilotage qui fait un travail tous les jours remarquable. » D’autre part, Éric Hermann, arrivé sur le territoire il y 6-7 ans en même temps que Éric Lagardère, spécialiste du statut du droit administratif et de la gestion médicale : « Le Monsieur qui doit porter les projets en restant dans les clous,

tout en essayant de séduire dans un contexte de grande pénurie ».

 

Sébastien Eugène, maire de Château-Thierry et président du Conseil de surveillance de l’hôpital de Château-Thierry a lancé la soirée

en précisant : « Le programme immobilier avance. L’activité médicale rencontre un certain nombre de difficultés du fait de la pénurie de médecins,

et du fait aussi des problèmes locaux précédents. Quasiment un tiers des contrats jusqu’ici n’étaient pas dans les clous. Quand vous les régularisez, cela oblige à un certain nombre de mises au point avec les médecins.  La situation est évidemment difficile du fait du contexte national.

Mais nous n’avons plus ce cumul de difficultés locales moins pénalisant pour les usagers et le personnel. »

 

Gouvernance, intérim long, méthode, résultats, investissements, finances

 

Un point d’étape au cours duquel Éric Lagardère a passé en revue un certain nombre de sujets en faisant preuve de pédagogie, et sans vouloir donner une « vérité descendante ».

 

En introduction, le directeur par intérim a souhaité resituer la gouvernance. En un mot, comment dirige-t-on une institution ? Éric Lagardère

a rappelé le Code de la Santé publique : « Le directeur dirige. C’est un haut fonctionnaire nommé par l’ARS (Agence régionale de santé),

par le ministère de la Santé sous couvert du président du Conseil de surveillance. Il rend compte à son patron qui est le directeur général de l’ARS, Hugo Gilardi, de sa gestion. Pour le contrôler, il y a un Conseil de surveillance. Contrôler ne veut pas dire que le Conseil se substitue au directeur et prend les manettes. Il a aussi à ses côtés un directoire composé de médecins et de directeurs, les directeurs qui sont là et tous les chefs de pôles

de l’hôpital. Tout ce petit monde étudie les projets, teste la faisabilité, fait l’étude d’impact et met en œuvre dans la limite de ses moyens et

des besoins du territoire. »

 

Éric Lagardère est revenu sur un article de France Télévisions : « France 3  a fait un article en expliquant que la direction a des conflits d’intérêts, parfois même a des mots très crus en disant que l’on s’intéresse à l’un par rapport à l’autre. Mais cela veut dire quoi ?! Moi, je suis évalué par l’ARS

sur la réussite des deux établissements et pas l’un par rapport à l’autre. Effectivement les territoires sont complémentaires. Les deux sont, à peu près, de 100 000 habitants et je cherche à étudier une gradation des soins.

 

Quand un établissement a un petit avantage, par exemple, la prise en charge de l’infarctus en cardiologie interventionnelle : Je dois faire en sorte

que les parcours des patients soient tout de suite repérés au niveau des urgences et soient adressés à l’hôpital référent pour que la coronographie soit faite dans les 24 heures, le plus vite possible, de façon à déboucher l’artère et rendre toutes les chances de survie aux patients.

 

C’est cela le parcours des soins. Cela peut être aussi pour un problème de traumatologie, un accouchement complexe, une hémorragie digestive,

un AVC, le cancer, où là, on doit le détecter au bon endroit, mammographie ou bien imagerie, l’envoyer au bon chirurgien, souvent l’hyper spécialiste, et le renvoyer pour les fonctions supports, chimiothérapie, radiothérapie, dans son environnement familier.

Voilà ce que c’est la médecine. Voilà ce qu’un territoire qui gagne doit arriver, fixer le patient et arriver à lui donner un parcours, de la télémédecine jusqu’aux fonctions supports, tout en évitant le plus possible d’être trimballé très, très, loin. Mais parfois, il faut aller loin quand il y a le soin exceptionnel. »

 

Le directeur par intérim a ensuite poursuivi sur :

 

. L’intérim long : « L’ARS m’a demandé de restaurer l’attractivité du poste de directeur, de trouver une dynamique territoriale dans ce fameux GHT (Groupement Hospitalier Territorial) créé en 2016 par Madame Touraine et qui avait justement pour vocation d’accélérer les parcours de soins et

les complémentarités. Aujourd’hui le GHT fonctionne. Cet intérim long se passe, de mon point de vue en tout cas, plutôt bien. Je me sens plutôt soutenu par les autorités et avec le corps médical les choses se passent de mieux en mieux. »

 

. La méthode : « L’Ars apprécie la méthode. Elle part de la réalité, on dresse un diagnostic, on pose des scénarios, le plus intéressant, le moins intéressant et on met en place un plan d’actions que l’on explique ensuite à tous les personnels médicaux et non médicaux qui œuvrent tous les jours à la prise en charge et doivent se sentir en sécurité et dans des conditions de fonctionnement technique satisfaisantes. Nous sommes évalués tous les mois. La méthode a l’air de se passer plutôt bien. »

 

. Les résultats : « Je trouve que l’on a une direction plutôt forte. Je me sens vraiment bien avec tous mes adjoints puis que nous avons une approche matricielle. Nous avons des directeurs de site sur Château-Thierry et sur Soissons. Nous avons des directions transversales comme dans

les collectivités. On a le directeur médical qui fait les deux établissements, le directeur des achats qui fait les deux, le directeur informatique

M. Romanowski qui fait les deux. Tout est partagé et mutualisé avec une dynamique de complémentarité voire d’interopérabilité.

Si le patient va à Château-Thierry, on a son dossier quand il est à Soissons, et s’il va à Soissons, ensuite à Château-Thierry, on lie les dossiers,

on partage, on envoie les images. C’est comme s’il y avait deux sites dans le même établissement. »

 

. Le plan d’investissement : « Tout est conforme. Tout se passe plutôt bien. Nous avons déposé le permis de construire. Nous sommes pratiquement au Dossier de Consultation des Entreprises et nous allons pouvoir d’ici le mois de juin 2025 entamer la phase travaux.

Tout roule bien. Les premiers travaux vont commencer par la mise en conformité de la sécurité incendie avec un désenfumage vertical. Ce sont

des milliers d’euros. Le projet est parti et financé. Nous avons lancé des opérations pour un parking de 300 places. Nous sommes en phase

de finir les études et le parking doit être prêt avant le démarrage des travaux. Les choses s’enchainent et à ce stade les financements acquis.

35 millions donnés par l’État. C’est remarquable. 100%. Merci. 10 millions d’emprunt ont été levés pour les autres projets. Nous avons donc dans

ces conditions assurer le plan d’investissement. »

 

. La qualité des soins : « Nous avons plein de satisfécits de la HAS. La Haute Autorité de Santé dit que l’on travaille bien, que l’on est apte

à maîtriser nos processus, que l’on a les moyens de bien travailler. À nous maintenant, lorsque l’on fait le travail, de montrer que l’on a les effectifs,

les personnels, que l’on a vraiment cette qualité effective. On ne se rêve pas soins critiques, cardiologie ou néonatalogie. On doit répondre à

des conditions de permanence des soins, de présence de médecins, de qualifications, de diplômes. J’imagine, lorsque Air France fait décoller

un avion, qu’ils ont le pilote qui a son agrément, le copilote qui a ses heures de vol, l’hôtesse qui est qualifiée. J’imagine. Je prends rarement l’avion. »

 

. La rémunération médicale : « Un gros travail a été fait par Éric Hermann dans un souci de protection. On a fat cela pour dire, voilà, je sécurise

les processus : Qu’est-ce que j’ai droit lorsque je suis en statut, car il y a beaucoup de primes, de permanences de soins. C’est un mécanisme

très complexe. En France on est très, très fort pour complexifier. Des fois, on a droit, des fois on n’a pas droit. Il y a des effets de seuil. Le commun des mortels veut tous les effets, les effets contrat, les effets statut. À la fin, on ne peut pas tout.

 

On recrute quasiment 80% de médecins étrangers. C’est aussi une interrogation. Ils ont des parcours d’intégration. Si vous êtes diplômé

en néphrologie de l’Université de Casablanca, vous devez être stagiaire associé. Vous devez passer un concours appelé, Épreuve de Vérification

des Connaissances, et pendant trois ans vous faites des stages dans les CHU, vous allez voir des professeurs, vous faites des examens complémentaires, et au bout de trois ans vous êtes inscrit à l’Ordre. Et là, c’est le graal. Vous pouvez quitter l’hôpital et vous installer en ville.

 

C’est normal. C’est un pays de liberté, quand même. Et là-dedans, on range l’ophtalmo, le dermato, tout ce process. On n’est pas tout seul

sur une île déserte. Ceux qui sortent de la Fac vont directement où ils veulent, dans une grande ville, à Reims, à Paris, d’autres, héliotropisme,

vont plutôt dans le Midi. Mais à priori, il y a un petit problème d’installation. Ils ne vont pas là où il faut. Mais ça, ce n’est pas à moi de le régler.

Mais cela me fait plaisir de vous le dire. »

 

.L’USIC (Unité de Soins Intensifs Cardiologiques) : « Nous avons ce petit souci conjoncturel sur l’USIC où on a fait un recours gracieux.

Je remercie beaucoup Monsieur Eugène qui a fait un courrier pour demander à l’ARS de réviser et de nous autoriser à faire cette USIC à quatre

ou six lits.

Jusqu’à maintenant, il ressortait que l’on avait une activité trop faible pour faire fonctionner six lits d’USIC. Si on prend tous les insuffisants cardiaques, les troubles du rythme, etc., on peut arriver à tourner à quatre à cinq lits. Autorisez-nous, s’il vous plaît, à tourner nonobstant.

On est là-dedans. On peut avoir dans le cadre de notre filière territoriale de cardiologie, cette autorisation, et j’en ai bon espoir. Et non pas

de la surenchère : on est petit joueur, on n’a pas demandé, on n’a pas renversé la table. Qu’est ce que ça veut dire quand on est dans du soin ?

 

Vous avez envie que l’on renverse la table pour après avoir des soins de qualité qui ne serait pas conforme ? On ne dit pas ça aux gens ! Si on doit remplir des conditions techniques pour la cardiologie, on doit les remplir jusqu’au bout avec les personnels qualifiés, le nombre de lits, les ratios soignants/lits, etc. On ne dit pas dans la presse qu’un directeur est petit joueur. Par contre, on discute avec l’ARS pour savoir comment on organise

la garde, car la cardiologie ça veut dire aussi une garde la nuit en permanence sur place. Un médecin va rester toute la nuit. Si les lits ne sont pas occupés, je vous laisse disserter et imaginer ce que cela veut dire notamment en terme de gâchis dans la mesure où on a très peu de médecins

en France. »

 

. Les lignes rouges : « On a repéré dans les services, des lignes rouges. On fait attention aux urgences, on fait attention aux soins critiques, la réa,

on fait attention à l’anesthésie, on fait attention à l’obstétrique, on fait attention au digestif. On a essayé de segmenter les filières en fonction

de leur criticité et de l’urgence. Toutes les filières n’ont pas la même valeur.

 

On nous dit qu’il manque des rhumatos, des dermatos. Les dermatos, on ne les a pas faits partir. Il n’y en avait que deux ici en formation et

le CHU de Reims n’a pas de dermato. Quand je lis sur France 3, service public que j’aime bien, que le directeur serait responsable du départ

du dermato que je n’ai pas vu, je dis merde, ils exagèrent quand même. C’est gros. Ce n’est pas sympa pour moi. On a perdu des professionnels

qui étaient sur des spécialités à activité libérale. Ils sont partis. On n’y est pour rien. On voulait les garder. On avait même fait des contrats.

Mais manifestement, ce n’était pas suffisant. »

 

. Les finances : « Je suis très inquiet. Pour les spécialistes, on a un fonds de roulement à zéro. On a isolé les crédits de l’investissement,

mais c’est très compliqué. On perd beaucoup d’argent, 800 000 euros par mois. Pourquoi, en deux mots. On a remis en place quand même

un système assez dur de la T2A, on paie à l’activité. C’est un effet prix/volume. Un prix est fixé par le gouvernement et le volume c’est ce qu’on fait.

Si les gens ne viennent pas. Je ne vais pas faire des naissances pour des naissances.

 

De l'autre côté, on a eu des revalorisations du Ségur, de fortes revalorisations légitimes pour le personnel. En 2-3 ans, on a pris 40% de hausse

de masse salariale. Je ne vous parle pas du Titre III avec les dépenses courantes en alimentation, en énergie, où là ça flambe. La trajectoire est

un énorme problème. Je ne sais pas comment on va s’en sortir. Il va falloir que l’on contractualise avec l’État. Il faut que l’ARS nous aide. Il nous faut plusieurs millions d’euros par an pour tenir si on veut être sérieux. »

 

Encore plus d'info à venir.

DB

Crédit photos : Axomois Production


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