[Agglo de Château-Thierry] Un passage piétionnes sous tension à l’Aiguillage

La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes aura lieu samedi 25 novembre : Un violentomètre géant, appelé Passage piétonnes sous tension par ses créatrices, est installé depuis ce mardi 21 novembre sous la traverse de l’Aiguillage, le Pôle administratif de la CARCT (Communauté d’agglomération de la région de Château-Thierry) à Étampes-sur-Marne.

 

Conçu par les street-artistes Lün, une « colorieuse de trucs », et Cécile de la Compagnie de spectacle vivant MaeDesRosiers, puis collé

au sol, le violentomètre géant est un outil d’auto-évaluation et de prévention permettant de repérer ce qui relève ou non des violences dans une relation.

 

Ils ont dit !

 

« C’est une œuvre monumentale et éphémère, mais il faut marquer les esprits et cela me semble important sur cette cause. Je remercie les services de l’État d’être présents, les forces de l’ordre d’être présentes et surtout le tissu associatif car nous avons besoin de toutes les énergies et d’inculquer comme cela quelques codes dans les têtes de chacun pour dire, attention, parce que c’est une cause qui est difficile à atteindre.

 

Il faut vraiment éveiller les esprits sur tous les petits sujets, les petits événements qui peuvent nous dire, attention là il peut y avoir un sujet, parce que nous le voyons spontanément et souvent bien trop tard car nous ne vivons pas sous les toits.

 

 

 

Mais lorsqu’il y a une difficulté dans les familles, nous intervenons, mais bien souvent, nous intervenons bien trop tard. La souffrance est bien

en amont et cela commence bien en amont. C’est pour cela qu’il faut, de manière monumentale, inscrire et marquer les esprits pour faire

en sorte que nous puissions être sensible, dès que nous voyons un petit indice, un petit indicateur, pour être prêt à réagir. 

 

Nous animons avec les services de l’État, le Comité intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance, le CISPD. Cela fait partie

des compétences que nous mettons en œuvre et les violences faites aux femmes est en effet un pan important de cette sécurité. La symbolique est forte devant notre Marianne qui est aussi monumentale avec les valeurs de notre République, Liberté, Égalité, Fraternité. Cette œuvre

se trouve au pied.

 

Et puis, c’est un lieu qui est ouvert au public. J’ai voulu que l’Aiguillage soit un lieu de passage. Nous accueillons énormément de public.

Cette déambulation avec cette gradation des phrases qui choquent, c’est une belle symbolique par rapport aux valeurs que nous portons

sur ce territoire.

 

Nous aimerions avoir à chaque fois des éléments déclencheurs lorsque nous sommes encore qu’au vert, mais parfois, nous passons au rouge avant de se rendre compte d’une situation, d’un conjoint, d’une femme qui est mise sous un état de dépendance. Les prédateurs agissent souvent comme cela. Ils mettent l'épouse sous un état de dépendance. Nous mettons tous les réseaux en alerte. Je remercie les différents partenaires d’être présents, car il faut vraiment mettre tous les réseaux. 

 

Nous mettons ici le grand public en alerte, mais je sais que nous accueillons aussi beaucoup d’habitants dans nos services, comme dans

les Maisons France Services, où parfois nous venons pour un sujet et la personne s’effondre parce qu’il y a un autre problème derrière.

Nous alertons, car nos agents, lorsqu’ils viennent dépatouiller un dossier administratif se trouvent bien démunis quand ils sont face à

une situation comme celle-ci.

Nous devons accompagner ces personnes qui accueillent ce public pour les diriger et faire en sorte que nous puissions nous appuyer sur

un réseau costaud. Même nos agents qui n’ont rien à voir avec cette prévention de la délinquance peuvent détecter des situations et s’appuyer ensuite sur les réseaux présents pour trouver des solutions ». Etienne Haÿ Président de la CARCT

 

« Quelles que soient les causes, nous nous apercevons de plus en plus que ce n’est pas une association, ce n’est pas une structure, qui vont faire avancer les choses, mais c’est bien le partenariat.

Et pour ce partenariat, il faut de l’animation. J’ai été plus interpellé par ce mode de communication

que par le petit document en carton représentant un violentomètre.

 

J’étais présent lors du collage et je regardais les gens passer. Il y en a qui s’arrêtaient. Il y en a qui passaient au-dessus de l’œuvre pour ne pas l’abîmer. Il y en a qui passaient sur les côtés. Je me suis dit que j’aurais pu venir avec ma compagne. Rassurez-vous, je ne suis pas dans le rouge. Je suis plutôt

par là (le vert ndlr). Je me suis dit, est-ce que nous avons le même jugement, par exemple ?

En tous cas, bravo pour votre travail ! » Jean-Paul Bergault Conseiller délégué à la politique de la ville et la prévention de la délinquance de la CARCT

 

 

Elles ont dit !

 

 

 

 

 

 

 

 

« Cécile de MaeDesRosiers et moi avons souhaité décliner le violentomètre en carton de façon monu-mentale. Cela permet une autre lisibilité et cela permet finalement de circuler et de se situer.

Lorsque les personnes voient les phrases en grand, évoluent, elles s’arrêtent à l’endroit qui les concerne.

 

Faire ce travail dans l’espace public permet d’engager plus facilement des discussions et puis aussi

de se questionner, de questionner l’autre sur certains items.

 

Le voir concrètement, pouvoir circuler autour, cela permet de mieux s’imprégner sur ce type de questionnement qui est valable pour tous les âges malheureusement, toutes les générations,

tous les milieux, toutes les familles ».  Lün (extrait)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Lün a l’habitude de peindre des passages piétons. L’idée est venue de cette adaptation sous forme artistique.

 

Nous aimons bien l’espace public car lorsqu’il y a du passage, les gens peuvent aussi participer

à faire. Et c’est là que cela se décante. C’est vraiment en faisant les choses. Nous avons une Compagnie et des structures qui permettent de faire, de mettre la main à la pâte.

 

Nous parlons de sororité aussi, parce que la bienveillance est un mot qui est un peu galvaudé,

qui peut permettre aussi de sauver certaines femmes. » Cécile MaeDesRosiers (extrait)

 

 

 

 

 

 

À quand un passage piétons pour les hommes ?!

 

« La grande majorité des hommes qui ont regardé ce travail disaient : À quand un passage piétons pour les hommes ? explique Lün. Ce que nous avons tendance à dire dans ces cas-là, oui, il y a des femmes qui dont jalouses, qui sont possessives, qui fouillent peut-être les textos.

Mais sur 100 personnes qui sont tuées, il y a 98 femmes et il n’y a que 2 hommes. Les consignes directes sur la vie concernent beaucoup plus

les femmes.

Chaque année, il y a plus de 200 femmes qui meurent sous les coups de leur conjoint, alors qu’il y a peut-être 3 ou 4 hommes. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas grave. Cela veut dire que c’est systémique ».

DB

Crédit photos : Axomois Production

 

 

 

 

 

 

 

À quelques jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’Aiguillage s’habille d’un violentomètre géant pour sensibiliser usagers et habitants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une installation grand format pour marquer les esprits

 

L’installation consiste en un violentomètre géant fait de collages et de marquages au sol pour reproduire certaines parties de l’actuel violentomètre, avec une gradation de couleur symbolisant l’échelle de la violence. Ainsi peut-on lire des phrases telles que « Contrôle

tes sorties, tes habits », « T’humilie quand tu fais un reproche » ou encore « Te menace de se tuer ou de te tuer », des phrases fortes pour marquer les esprits et faire prendre conscience que la violence est un cercle vicieux, insinueux qui s’immisce petit à petit dans

la relation jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

 

Les street-artistes, MaeDesRosiers et Lün, en charge de cette installation monumentale commentent : « Selon nous, le violentomètre

sous sa forme monumentale artistique ne doit pas nécessairement reprendre tous les détails du violentomètre de poche. Cette intervention artistique a pour but de sensibiliser autrement et d’interpeler sur le sujet. »

 

« Une œuvre artistique forte de sens qui se complète bien avec le travail de terrain effectué par les membres du Réseau du Sud de l’Aisne », précise Étienne Haÿ. Des membres présents ce mardi 21 novembre : le Centre Intercommunal de Sécurité et de Prévention

de la Délinquance (CISPD) représenté par le conseiller délégué Jean-Paul Bergault, et Julie Chauffert coordinatrice du CISPD, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles départemental (CIDFF 02) avec la présence du van  en voiture Nina & Simon.e.s, l’association France Victimes 02 ou encore Coallia, le Centre Communal d’Action Sociale de Château-Thierry, l’intervenante sociale en commissariat (Conseil départemental) et enfin la Police et la Gendarmerie Nationales, ces deux derniers étant fréquemment confrontés aux violences intrafamiliales. Ainsi les membres du Réseau du Sud de l’Aisne mettent à disposition un violentomètre dans un format imprimé de poche aux personnes souhaitant se renseigner ou agir pour leur entourage. Car, s’il est difficile d’atteindre les victimes

de violences, l’entourage a un rôle déterminant à jouer pour aider ces personnes en danger. Le Réseau est aussi présent pour informer et aiguiller les usagers de passage et les habitants sur des questions devant lesquelles on peut se retrouver démunis.

 

Jean-Paul Bergault rappelle que « dans le cadre du Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, la mise en place du Réseau du Sud de l’Aisne contre les violences intrafamiliales permet un accompagnement des victimes en fédérant l’ensemble des professionnels et ce dans le but d’orienter plus facilement lesdites victimes en fonction de leurs besoins. »

Pour rappel, sur le département de l’Aisne, il existe 6 réseaux.

 

Les associations France Victimes 02 et le CIDFF 02 tiennent des permanences sur le territoire grâce à l’intervention de psychologue et/ou de juriste, avec une expérimentation cette année : une permanence dans la Maison de l’agglo à Fère-en-Tardenois. 

 

 

Quelques mots sur les street-artistes

 

Cécile, MaeDesRosiers

Cécile est avant tout une artiste du spectacle vivant, qui trouve partout des prétextes à « jouer ». Exploratrice de la scène à travers

le théâtre, le chant et l’écriture, elle est toujours curieuse d’opérer sur d’autres terrains de jeu. C’est ainsi qu’elle monte la compagnie MaeDesRosiers, et œuvre à la création de formes hybrides de visibilisation des femmes dans l’espace public. Ces projets avec des femmes et à l’adresse des femmes l’ont mené à rencontrer Lün en 2019, et à imaginer plusieurs formes de passerelles entre leurs arts. Ce passage piétonne sous-tension en fait partie.

 

Lün

Colorieuse de trucs depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, Lün embrasse régulièrement le grand dehors pour y créer

des interstices de liberté et y libérer des messages tour à tour poétiques et engagés. À l’initiative des rassemblements #metoo,

Lün se définit comme « féministe tant qu’il le faudra », et distille au fil de ses fresques et autres interventions urbaines des hommages aux femmes méritantes, des appels à la sororité et des rappels du chemin qu’il reste à parcourir pour mettre fin aux violences multiples faites aux femmes. Sa rencontre en 2019 avec Cécile lui a permis d’explorer de nouvelles formes d’expressions hybrides,

dont les spectacles « Adieu Papillon » et « Vaeillantes » font partie.

CARCT

Crédit photos : CARCT/Bastien Millan

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