Artonges. Premiers tours de roues avec voyageurs, du train touristique de l’association Tourisme Ferroviaire de la Brie Champenoise à l’Omois, le 5 mai !

Les membres de TFBCO se sont déplacés en nombre pour assister à l'assemblée générale annuelle.
Les membres de TFBCO se sont déplacés en nombre pour assister à l'assemblée générale annuelle.

 

 

L’association Tourisme Ferroviaire de la Brie Champenoise à l’Omois (TFBCO) fera rouler son train touristique Picasso, avec voyageurs, entre Montmirail dans

la Marne et Artonges dans l’Aisne, tous les dimanches à partir du 5 mai prochain.

 

Une annonce faite par Yves Coquel, le président de TFBCO, lors de l’assemblée générale annuelle de l’association qui s’est déroulée dimanche 31 mars dans la salle des Mariages de Condé-en-Brie.

 

 

 

 

Rétro

 

Le président Coquel a fait un bilan de l’année 2018, « une année riche en événements. » Des travaux de prolongation du toit du garage abritant le Picasso ont été conduits par des membres de l’association, afin de protéger l’autorail contre les intempéries et lutter contre les actes de vandalisme.

La société Brifer a effectué une remise en état de la voie de service permettant ainsi de sortir le train touristique du garage. Le coût

des travaux s’est élevé à 12 732€ TTC. Yves Coquel précise que « les travaux ont été payés par les fonds propres de l’association ».

Des travaux de carrosserie sont actuellement réalisés sur le Picasso par l’entreprise Colson de Montmirail. Le président espère

qu’ils seront terminés pour l’inauguration du train touristique en gare de Montmirail prévue le samedi 4 mai.

La société VFLI (Voies Ferrées Locales et Industrielles) a pris en charge la pose de panneaux de signalisation sur le tronçon Montmirail-Artonges. « Si nous nous sommes battus longtemps contre VFLI, ils sont devenus aujourd’hui des partenaires. » confie Yves Coquel.

La commune de Dhuys-et-Morin-en-Brie dans le département de l’Aisne, termine la remise en état du quai voyageurs implanté

à Villemoyenne. Yves Coquel a tenu à remercier Alain Moroy, le maire de la commune nouvelle, pour la maintenance des travaux.

 

Une circulation du train touristique pendant vingt-deux dimanches

 

Yves Coquel a présenté à l’assemblée la circulation du train touristique sur l’installation terminale embranchée (ITE) Montmirail-Artonges. L’ITE a une longueur de 4,324km sur le département de la Marne et 4,401km sur celui de l’Aisne. L’autorail Picasso circulera vingt-deux dimanches, sous forme de régime régulier, en effectuant deux allers-retours, chaque dimanche, du 5 mai à fin septembre.

Le premier départ de Montmirail aura lieu à 10h00, avec un retour à 11h21. Le second départ se fera l’après-midi à 15h00,

avec un retour à 16h21. L’association TFBCO acceptera la circulation de trains spéciaux sur demande, le samedi.

 

Les formations des conducteurs et agents d’accompagnement ont débuté

 

Une journée de circulation du train touristique nécessitera la présence de quatre membres de TFBCO, 1 conducteur, 1 agent d’accompagnement, 1 agent d’accueil-contrôleur dans le train  et 1 agent d’accueil en gare. Les formations de conducteur et d’agent d’accompagnement ont débuté samedi 23 mars sous la houlette de Dominique Platel, membre du conseil d’administration de TFBCO et s’étaleront sur cinq journées.

Dominique Platel, indique qu’une dizaine de membres, « et c’est déjà beaucoup », sont inscrits. A l’issue des cinq journées, les candidats passeront un examen écrit et pratique. Une carte d’habilitation, valable 1 an, sera délivrée en cas de réussite. Dominique Platel précise que les titulaires de la carte  seront considérés comme élèves tout au long de la première année de circulation. Ces derniers devront

se soumettre, l’année prochaine, à une visite médicale et une « piqure de rappel ».

 

Des difficultés sont répertoriées sur l’ITE. Il s’agit de trois passages à niveau situés en côte, dont le PN32. « C’est la plus grosse difficulté.

Il ne faudra pas caler sur la nationale », souligne Dominique Platel, « Il faut jouer du pied et des deux mains en même temps ; le pied sur

la pédale d’embrayage, une main sur le manipulateur d’accélérateur et l’autre sur le frein. Si vous n’êtes pas freinés, vous redescendez vers Montmirail. » Manipulation de taquets, d’aiguilles : L’agent d’accompagnement est celui qui a le plus de travail. « Il est aussi responsable que le conducteur. Il ne faut pas avoir la tête ailleurs », poursuit Dominique Platel.

 

Valorisation du patrimoine ferroviaire

 

Yves Coquel a rappelé le patrimoine ferroviaire présent à Montmirail. Il est composé d’un ensemble remarquable, gare-château d’eau, racheté par TFBCO en fonds propres, en 2015 et d’une halle à marchandises rachetée par la ville de Montmirail en 2016.

De multiples dons ont permis à l’époque de rassembler les 37 500€ nécessaires au rachat de la gare. Parmi ces dons figurait celui

de M. Breton, d’un montant de 15 000 euros. Ce généreux donateur souhaitait demeurer anonyme jusqu’au jour de l’annonce

de la circulation du train touristique. La divulgation de son identité et sa présence à l’assemblée ont été saluées chaleureusement par les participants.

 

Pour ce qui concerne la halle à marchandises, d’importants travaux ont déjà été menés par la ville de Montmirail, comme notamment

la réfection de la toiture. « La ville ne s’est pas contentée de racheter la halle », souligne Yves Coquel « Elle a aussi entrepris des travaux

de sécurisation et nous pouvons remercier son maire, Etienne Dhuicq. » L’édile a annoncé qu’un spectacle de l’édition 2019 du Festival Grange sera programmé, cet été, dans le bâtiment.

 

TFBCO envisage de procéder à divers travaux de rénovation sans toutefois dénaturer le patrimoine existant. La réfection du couronnement métallique du château d’eau, de la boiserie de ses lucarnes et de sa porte d’entrée est ainsi programmée comme

le changement des portes et fenêtres de la gare. Une porte anti panique, aux normes d’un établissement recevant du public, sera posée. La remise en état du plancher de la salle d’attente 1ère classe et l’achat de vitrine sont également prévus.

La réfection à l’identique du bâtiment des toilettes est dans les cartons.

 

Participation financière de l’exploitant

 

Une convention de mise à disposition de la ligne d’Artonges à Montmirail en vue d’une exploitation à des fins de chemin de fer touristique signée le 14 septembre 2018 entre la société VFLI, le PETR-UCCSA (Pôle d’Équilibre Territorial et Rural- Union des Communautés de Communes du Sud de l’Aisne), la commune de Montmirail et TFBCO, permet donc la circulation du Picasso sur l’ITE.

Il n’en demeure pas moins que l’association doit payer une redevance d’un montant de 10 933,28€ HT pour l’année à VFLI. «VFLI doit verser 105 000 euros à la SNCF. Notre redevance qui comprend aussi la maintenance de la voie par VFLI correspond à 12% de ce montant », explique Yves Coquel, « Nous nous sommes battus un maximum pour faire descendre ce coût. Le poids du Picasso a été pris en compte car

le matériel va moins endommager la voie que le trafic lourd de l’entreprise. TFBCO doit par ailleurs payer des frais d’honoraires à VFLI

d’un montant de 4 425 euros. La redevance va dans la poche de la SNCF. »

Dans l’assemblée, un participant interroge alors Dominique Platel : « Il va falloir en vendre des billets. Cela fait combien de voyageurs,

tu as calculé ? » Ce dernier répond qu’il faudra 23 000 voyageurs pour rentabiliser l’offre touristique.

 

Etienne Dhuicq a souhaité revenir sur frais d’honoraires  en soulignant que le montant initial était de presque 12 000 euros. « VFLI voulait nous faire payer ses juristes qui avaient travaillé pendant quatre ans sur le projet. Nous avons réussi à faire baisser le montant. » poursuit le maire. La commune de Montmirail et le PETR UCCSA, en versant respectivement une aide de 5470 euros et 8000 euros

à TFBCO, vont permettre le règlement de cette redevance.

 

10 millions de travaux pour pérenniser la ligne

 

Une réunion initiée par Éric Assier, le maire de Condé-en-Brie, s’est tenue l’hiver dernier dans le cadre de la circulation du Picasso

sur la partie Mézy-Moulins/Montmirail. Yves Coquel indique que cette réunion « n’a pas donné grand-chose ». Une seconde réunion

s’est tenue le 8 février dernier sous la houlette de la sous-préfète Natalie William. « Vous allez tomber de votre chaise. Vous allez voir

ce qui s’est dit », lance Yves Coquel, « La date de fin de pérennité de la ligne est située à la fin de l’année 2020. L’objectif des travaux à réaliser est de sécuriser la ligne pour 15 ans avec une vitesse de circulation jusqu’à 40km/h pour la desserte du silo Soufflet agriculture d’Artonges et

des ateliers VFLI de Montmirail. Le coût total des travaux à ce stade est estimé à 10,31 millions d’euros. La prochaine réunion est prévue

le 16 avril.»

 

« L’attitude de la SNCF est honteuse »

 

Anne Maricot, conseillère départementale canton d’Essômes-sur-Marne et maire et Jaulgonne, s’est exprimée en ces termes sur cette partie de la ligne : « L’attitude de la SNCF sur ce dossier est honteuse. Elle veut maintenir des lignes en faisant payer les usagers et les sociétés. J’ai appris que la conversation sur la SNCF a été houleuse lors du déjeuner à l’Élysée avec les élus des Hauts-de-France et Emmanuel Macron. Xavier Bertrand, le président de la Région, est intervenu de façon virulente sur les problèmes rencontrés notamment sur la ligne Paris-Laon. Nous faisons appel à l’État mais je ne sais pas si cela va retomber jusque-là. De mémoire, il y a 8000 traverses à changer. Ils veulent une remise à neuf. Je suis persuadée que la ligne n’est pas en si mauvais état que cela. Il y a des emplois qui sont en jeu et il est important de le signaler.

Il faut remercier le sous-préfet Ronan Léaustic qui a voulu que le projet se concrétise pendant son passage ici qui a été relativement court.

La sous-préfète est attentive à ce qui se passe et essaie de faire le nécessaire pour que cela continue d’avancer. »

 

Un quitus de gestion au trésorier

 

Didier Nicolas, le trésorier de l’association, a présenté à l’assemblée le rapport financier de l’année 2018. Le membre du conseil d’administration a fait part des nombreuses difficultés rencontrées avec l’administration fiscale concernant l’application du taux de TVA sur les billets de chemin de fer. Jean-Pierre Schang, le rapporteur aux comptes, absent excusé, propose de donner un quitus de gestion au trésorier de TFBCO.

 

Un conseil d’administration de douze membres

 

Conformément aux statuts de l’association, il a été procédé au renouvellement du tiers sortant du conseil d’administration. En 2018,

le conseil était composé de treize membres. Deux membres ont quitté le conseil, Daniel Anger (décès) et Jean-Michel Loiseau (démission). Jean-Yves Porteres a intégré le conseil d’administration de TFBCO à l’issue du vote. Désormais, le conseil d’administration de l’association compte douze membres.

 

« Je resterai solidaire pour plusieurs raisons »

 

Pour Etienne Dhuicq, la circulation du train touristique de Montmirail à Artonges n’est pas une fin. L’édile s’est adressé ainsi

à l’assemblée : « Je tiens à dire à tous les élus de l’Aisne que je resterai solidaire pour plusieurs raisons. La première partie de la ligne n’est pas

la plus belle. L’intérêt, c’est la vallée de la Dhuys, c’est Condé-en-Brie, c’est Mézy-Moulins. La seconde raison, c’est se battre avec ou contre

la SNCF, je ne sais pas dans quel sens il faut le dire. Derrière cela, il y a le train touristique, mais il y a aussi Soufflet agriculture. C’est important pour nos routes. Si les charges devaient passer en camion, cela détériorerait nos routes. Il y a VFLI sur Montmirail avec vingt-cinq emplois. Montmirail tient à VFLI et à l’entreprise. C’est une activité que nous espérons garder le plus longtemps possible. Du temps de mon prédécesseur, la ville de Montmirail et la communauté de communes avaient mis 100 000 euros pour le maintien de la ligne. Nous allons continuer à suivre

le dossier. Je voudrais remercier l’association et Éric Assier, le maire de Condé-en-Brie, qui a été présent à toutes les réunions. Il faut arriver

à circuler dans l’Aisne, plus loin qu’Artonges. »

 

« Ils sont complètement fous »

 

Jacques Krabal, député de la 5ème circonscription de l’Aisne, a tenu à s’exprimer sur la position de la SNCF concernant la partie

de la ligne 22² Artonges/Mézy-Moulins. « Il faut qu’ils arrêtent de nous prendre pour des américains », lance le parlementaire, « Ils veulent nous faire payer ce qui est de leur responsabilité. Le montant, c’est entre 8 et 11 millions d’euros. Ils sont complètement fous. Il va falloir s’organiser pour les ramener à une participation qui soit raisonnable et conforme à l’usage de ce qui va être fait. Nous allons avoir besoin

de l’association mais je sais que je peux compter sur vous et comme cela a été fait dans la Marne, de la communauté d’agglomération

de la région de Château-Thierry. Il faut que la communauté d’agglomération prenne le dossier à bras le corps. C’est un dossier qui est à la fois, interdépartemental, intercommunautaire, et structurant sur cette vallée. Il va falloir mobiliser la communauté d’agglomération, le département et également la Région Hauts-de-France. Le président de la Région a réussi à faire reculer la SNCF sur plusieurs lignes. Lui aussi rue dans

les brancards par rapport à la SNCF. Il faudra aller voir également le Ministère. »

 

Hommage

 

Yves Coquel a souhaité rendre hommage à deux membres de l’association décédés en 2018. Il s’agit de Daniel Anger, membre

du conseil d’administration et Jean-Louis Clément. La famille de Daniel Anger a légué de nombreux numéros de la revue La Vie du Rail

à l’association. Didier Nicolas indique que TFBCO possède la collection depuis le numéro 2 datant de 1938. Il ne manque, à ce jour, qu’une quinzaine de numéros.

 

Avant d’inviter les participants à lever le verre de l’amitié, le président Yves Coquel cita Henri Jackson Brown, un auteur américain

de livres de pensées : « Face à la roche, le ruisseau l’emporte toujours, non pas par la force mais par la persévérance »...

DB

 

 

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