Services départementaux d’incendie et de secours. A chacun sa gestion opérationnelle

Les sapeurs-pompiers de Saint-Eugène interviennent ici sur un feu de décharge sauvage.
Les sapeurs-pompiers de Saint-Eugène interviennent ici sur un feu de décharge sauvage.

 

 

L’incendie qui a ravagé, le 30 décembre 2018, un hangar agricole à La Chapelle-Monthodon, a mis en exergue la gestion opérationnelle du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de l’Aisne. Bon nombre d’habitants du bourg

se demandent encore pour quelle raison le centre de secours de Dormans, situé

à 6,9km dans le département voisin de la Marne, n’est pas intervenu en deuxième appel sur la commune.

 

 

 

 

 

Lors du violent incendie cité précédemment, le SDIS de l’Aisne avait engagé, en même temps, le centre de première intervention

de Saint-Eugène (9km) et le centre de secours principal de Château-Thierry (21,3km), du fait de l'indisponibilité du centre de secours

de Trélou-sur-Marne (8,9km).

 

Interrogé quelques jours plus tard par la rédaction, le service Communication du SDIS 02 basé à Laon indiquait que la commune

de La Chapelle-Monthodon ne fait pas partie des communes bénéficiant d’une convention interdépartementale d’assistance mutuelle,

« car la capacité à tenir un délai d'intervention optimal face aux risques, est correctement couvert sur ce secteur par les centres d'incendie et de secours axonais les plus proches, comme le démontre le bon déroulement de l'intervention dans la commune. »

Le service Com’ indiquait par ailleurs qu’un projet de mutualisation est toujours en discussion entre les acteurs concernés, tout comme le renforcement des effectifs volontaires pour garantir les moyens humains pour toujours plus d’efficacité. « La sécurité des populations reste notre priorité et notre seul objectif moral et légal : Cette capacité, régulièrement analysée pour garantir son efficacité, va bien entendu au-delà des limites administratives. » soulignait le SDIS.

 

La rédaction vient de solliciter Christian Bruyen, ancien maire de Dormans et actuel Président du Conseil départemental de la Marne sur cette gestion des secours. Une gestion qui interpelle notamment Jacqueline Picart, la maire déléguée de La Chapelle-Monthodon.

« Dans le temps, les pompiers de Dormans intervenaient sur la commune » lance l’élue qui est également la suppléante d’Anne Maricot, conseillère départementale de l’Aisne. Jacqueline Picart a fait part de son interrogation auprès de Nicolas Fricoteaux, le Président du Conseil départemental de l’Aisne, pas plus tard que vendredi 18 janvier lors de la cérémonie des vœux de la municipalité de Condé-en-Brie.

 

Pour Christian Bruyen, « chaque SDIS décide de ses propres modalités de gestion opérationnelle. Aussi, la gestion installée dans l’Aisne peut différer quelque peu de celle installée dans la Marne. Pour ce qui concerne la Marne, régulièrement et compte tenu de la fragilité du volontariat dans certains secteurs et sur certaines tranches horaires, le SDIS de la Marne doit et donc comme l’Aisne à priori, engager en cas d’indisponibilité de l’un de ses centres, des moyens provenant de centres plus éloignés (couverture dite en deuxième appel).

 

Les centres choisis pour compléter ou se substituer aux premiers, bénéficient généralement de garde postée, souvent professionnalisée. Dès lors, les délais d’arrivée sur les lieux des moyens se voient améliorés (départ immédiat en raison de la présence effective des sapeurs-pompiers en caserne à contrario d’un centre en astreinte). En cas de difficulté dans un centre, remobiliser

un centre composé exclusivement de personnel volontaire, même s’il apparait en proximité, peut être de nature à allonger les délais opérationnels.

Dans le cas d’espèce, l’Aisne choisit à priori d’engager en deuxième appel Château-Thierry, centre doté d’une garde postée, au lieu

de contacter le SDIS 51 pour un départ de Dormans (centre qui par ailleurs sur certaines tranches horaires n’est vraiment pas épargné par les fragilités évoquées plus haut).

 

En ce qui concerne le soutien entre département, le SDIS de la Marne a signé depuis 2011 une convention interdépartementale d’assistance mutuelle avec l’Aisne. A ce titre le SDIS 51 assure la couverture en première intention de quelques communes axonaises (1), en raison de la plus grande proximité de nos centres de secours et pour faire fi des limites administratives. La commune citée dans l’article ne figure pas parmi les communes défendues par la Marne.

Le SDIS 02 en assure donc l’entière couverture, en premier et en second appel. Et encore une fois, du fait de la grande fragilité du centre de secours de Dormans, je pense que ce choix s’explique, qu’il s’est avéré, jusqu’à maintenant, pertinent.

 

Conscient du bienfondé de mobiliser tout de même les centres en proximité (motivation, arrivée sur les lieux rapide même si incomplète), le SDIS de la Marne a inscrit une recommandation importante dans son SDACR (schéma d’analyse et de couverture des risques) à ce sujet. Ainsi, nous nous rapprocherons de tous nos voisins afin de mentionner dans nos conventions interdépartementales, les modalités de couverture en second appel des communes limitrophes. »

 

(1) Les communes axonaises de Longueval-Barbonval et Perles, commune nouvelle des Septvallons, Blanzy-lès-Fismes, Mont-Saint-Martin, Saint-Thibault et Ville-Savoye sont protégées par la caserne de Fismes, dans le département de la Marne.

DB

 

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