La Chapelle-Monthodon. Des habitants pointent du doigt l’organisation territoriale des services d’incendie et de secours

Un violent incendie a ravagé dimanche soir, 30 décembre, un hangar agricole situé au cœur du bourg de La Chapelle-Monthodon. Le centre de première intervention (CIP) de Saint-Eugène, caserne située à 9km de La Chapelle-Monthodon, a été sollicité pour combattre l’incendie. Chaude ambiance !

 

Le plus gros matériel de lutte contre l'incendie dont dispose la caserne, un véhicule de première intervention léger (VPIL), est donc arrivé sur place dans le temps moyen d’intervention. « Pour les gens, à chaque fois c'est pareil, ça ne va jamais assez vite. » commente un sapeur-pompier de Saint-Eugène. Les ressources comprenaient quatre soldats du feu, un réservoir d’eau de 300 litres et deux tuyaux d’alimentation devant être déroulés à la main jusqu’au point d’eau le plus proche.

 

Pour certains habitants du bourg présents sur les lieux, le matériel dépêché sur place n’était pas adapté à la situation. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir d’une manière véhémente aux sapeurs-pompiers. En raison de l’indisponibilité du centre de secours de Trélou-sur-Marne, à 8,9km de La Chapelle-Monthodon, le centre de secours principal de Château-Thierry avait néanmoins été engagé en même temps

que le CIP de Saint-Eugène. Il fallait donc laisser le temps aux pompiers castels à bord de leur fourgon pompe-tonne (FPT) d’effectuer

le trajet de 21,3km séparant Château-Thierry de La Chapelle-Monthodon.

 

Ces derniers, au nombre de six, sont donc arrivés en cours de sinistre avec un matériel plus lourd qu’un VPIL : Une pompe à fort débit, un réservoir d’eau, appelé tonne, d’une capacité bien supérieure et un tuyau d’alimentation qui a été déroulé jusqu’au point d’eau

à vitesse grand V, grâce à un dévidoir. « C’est une autre façon de travailler. Les gens ne sont pas contents, mais nous, on est venu avec

le matériel qu’on a » souligne le même pompier de Saint-Eugène. Un camion-citerne accompagnait le FPT au cas où la borne d’incendie aurait eu une défaillance.

Un second fourgon pompe-tonne du centre de secours de Viels-Maisons, à 29,4km de La Chapelle-Monthodon, est arrivé plus tard et resté en réserve. D’autres habitants ont dénoncé le fait que le centre de secours de Dormans, dans le département de la Marne, beaucoup plus proche de La Chapelle-Monthodon car situé à 6,9km, ne puisse pas intervenir dans l’Aisne.  

 

Des conventions interdépartementales d’assistance mutuelle

 

En France, les missions de secours d’urgence sont principalement assurées par les sapeurs-pompiers, regroupés au sein d’établissements publics départementaux, les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Ces derniers sont complétés dans une vingtaine de départements par des corps communaux et intercommunaux, ainsi que d’unités militaires, Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et Bataillon des marins-pompiers de Marseille.

 

L’organisation territoriale des services d’incendie et de secours est précisée par arrêté préfectoral portant organisation du corps départemental. Chaque commune est protégée par un centre de première intervention (CPI), puis un centre de secours (CS), puis un centre de secours principal (CSP). Pour ce qui concerne la commune de La Chapelle-Monthodon, on retrouve donc le CPI de Saint-Eugène, puis le CS de Trélou-sur-Marne et enfin le CSP de Château-Thierry du groupement territorial sud.

 

La défense de certaines communes de l’Aisne, en premier appel, peut être assurée par des centres d’incendie de secours (CIS) des départements limitrophes. C’est le cas pour quatorze d’entre elles : Longueval-Barbonval et Perles, communes des Septvallons, Blanzy-lès-Fismes, Mont-Saint-Martin, Saint-Thibaut et Ville-Savoye (CIS Fismes 51), Rocquigny (CIS Fourmies 59), Hargicourt, Jeancourt, Vendelles et Le Verguier (CIS Roisel 80), Lempire et Villeret (CIS Épehy 80) et Sommette-Eaucourt (CIS Ham 80). Ces communes bénéficient de conventions interdépartementales d’assistance mutuelle établies entre les préfets et les présidents des conseils d’administration de SDIS des départements concernés.

 

Interrogé par la rédaction, le service communication du SDIS de l’Aisne basé à Laon confirme que la commune de La Chapelle-Monthodon ne fait pas partie des communes bénéficiant de cette organisation, « car la capacité à tenir un délai d'intervention optimal face aux risques, est correctement couvert sur ce secteur par les centres d'incendie et de secours axonais les plus proches, comme

le démontre le bon déroulement de l'intervention dans la commune. » Le service com indique par ailleurs qu’un projet de mutualisation est toujours en discussion entre les acteurs concernés, tout comme le renforcement des effectifs volontaires pour garantir les moyens humains pour toujours plus d’efficacité. « La sécurité des populations reste notre priorité et notre seul objectif moral et légal :

Cette capacité, régulièrement analysée pour garantir son efficacité, va bien entendu au-delà des limites administratives. » souligne

le service départemental.

 

Si la commune de La Chapelle-Monthodon était au jour d’aujourd’hui protégée en premier appel par le centre de secours de Dormans, il n’est pas dit dans l’histoire que les habitants verraient systématiquement les véhicules rouges descendre la route de l’ancienne décharge menant au village. En effet, le manque de personnels est un caillou dans la chaussure de Pascal Briand, le chef du centre de secours de Dormans.

L'important matériel de secours est garé soigneusement à l'intérieur de la caserne, mais il n'y a pas assez de sapeurs-pompiers disponibles pour monter à bord des véhicules. Un dossier de mutualisation des soldats du feu avec le centre de secours de Trélou-sur-Marne dans le département de l'Aisne (à 2,4km),  est au point mort depuis 2015, au grand désespoir du capitaine Briand.

De nouvelles nominations au sein des organigrammes des deux SDIS vont peut-être faire avancer le schmilblick...

DB

 

 

 

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