[Centenaire 1914-1918] Dormans. Hommage au Rempart contre l'Oubli

La 99ème cérémonie du Souvenir de la construction de la Chapelle de la Reconnaissance s’est déroulée, dimanche 8 juillet à Dormans, devant un parterre de personnalités et une foule très nombreuse.

 

Le Mémorial des Batailles de la Marne édifié à Dormans est l’un des quatre monuments nationaux avec l’ossuaire de Douaumont dans la Meuse, Notre-Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais et l’Hartmannswiller, dit le Viel Armand, dans le Haut-Rhin dédiés à la Grande Guerre.

 

Il vit le jour grâce à un comité créé le 18 juin 1919 et dirigé par la Duchesse d’Estissac, Comtesse de la Rochefoucauld, le Cardinal Luçon et Monseigneur Tissier, respectivement archevêque de Reims et évêque de Châlons-sur-Marne en 1918 et le Maréchal Foch.

Pour se procurer les fonds nécessaires à ce projet, l’association constituée par les membres du comité initiateur a été autorisée à faire appel à la générosité du public. La première pierre fut posée le 18 juillet 1920. La construction, commencée en 1921, sera terminée en 1931.

 

Ce dimanche 8 juillet, après la Messe du Centenaire célébrée par Monseigneur François Touvet, évêque de Châlons-en-Champagne, les dépôts de gerbes de fleurs à l’ossuaire, les discours de Michel Courteaux, maire de Dormans, Christian Bruyen, président du Conseil départemental de la Marne et Odile Bureau, sous-préfète d’Épernay, puis le salut aux porte-drapeaux, un lâcher de ballons a clôturé comme à l'habitude cette magnifique commémoration. DB

 

Christian Bruyen est le président du Conseil départemental de la Marne.
Christian Bruyen est le président du Conseil départemental de la Marne.

 

 

Une cérémonie exceptionnelle devait se dérouler le 18 juillet prochain

à Dormans dans le cadre du Centenaire 1914-1918. Celle-ci a été annulée il y a quelques jours seulement. Christian Bruyen, ancien maire de Dormans mais toujours conseiller municipal, et actuellement Président du Conseil départemental de la Marne a souhaité expliquer les raisons de l'annulation lors de cette commémoration  :

 

« La première cérémonie a eu lieu le 18 juillet car cela avait beaucoup de sens au regard de la Seconde Bataille de la Marne. Au fil du temps, la cérémonie a été avancée au début car il était devenu plus difficile de mobiliser la population au-delà du 14 juillet. C’est l’évolution de la société qui en a voulu ainsi. Cette année, on nous avait fortement conseillé de faire une cérémonie un 18 juillet pour un vrai retour à l’Histoire et parce que cela allait conduire à une manifestation de très grande envergure.

 

 

Quand nous avons compris qu’il ne s’agirait que d’une cérémonie assez classique, rehaussée par la présence tout de même de madame la secrétaire aux Anciens Combattants, Geneviève Darrieussecq, sans pour autant connaître la semaine passée encore les horaires qui allaient s’imposer à nous, sans nous permettre de faire la promotion de l’évènement, on s’est dit qu’il était préférable d’annuler plutôt que d’aller vers un échec cruel pour tous ceux qui s’étaient mobilisés pour cette manifestation. Décision difficile au regard de ce qui avait été engagé, décision douloureuse pour la commune, très douloureuse, tout autant pour le département de la Marne mais décision raisonnable. Je le dis avec force, nous comprenons parfaitement que l’agenda du Président de la République n’est pas permis sa venue pour ce 18 juillet. Nous pouvons parfaitement imaginer que ce 18 juillet ne soit finalement pas la bonne date même si au départ on nous l’avait un peu vendu comme tel. Encore une fois, le Président de la République a évidemment bien d’autres obligations. Nous comprenons, mais du coup cette cérémonie se serait déroulée après les festivités du 14 juillet, après la Coupe du Monde de football qui retient l’attention de toute la France et pas seulement.

Elle se serait déroulée en plein Tour de France, elle se serait déroulée la deuxième quinzaine du mois de juillet avec beaucoup de concitoyens déjà partis en vacances. Et puis ceux qui restent, disons-le, pas forcément dans l’état d’esprit de participer à une cérémonie comme vous le faites tous aujourd’hui. Nous n’avions pas alors le choix.  Il était plus raisonnable d’annuler mais sans baisser les bras. Car les 1 500 soldats inconnus qui sont inhumés dans cet ossuaire méritent mieux que cela, baisser les bras. Comme ceux d’ailleurs qui reposent au cimetière militaire,

la nécropole franco-allemande, à deux pas d’ici.

 

Avec Michel Courteaux, on caresse l’espoir que le Président de la République Emmanuel Macron, pour lequel nous avons un profond respect, nous fasse l’honneur de sa présence ici-même dans les prochains mois, en tous cas avant la fin du Centenaire. Depuis sa prise de fonction,

il a participé à de nombreuses cérémonies dédiées à la commémoration de la Grande Guerre et il témoigne ainsi des valeurs qui sont les siennes. Oui, le Président de la République a évidemment compris l’importance de la dynamique autour du Centenaire de la Première guerre mondiale. Non, il ne pouvait pas être présent le 18 juillet et nous en sommes tristes mais sans amertume vis-à-vis de celui qui a émis la volonté de faire du 11 novembre prochain un grand rendez-vous international pour la paix. Oui, nous conservons l’espoir de le recevoir avec tous les honneurs dus à son rang. Il serait à jamais le premier Président de la République à venir sur ce site puisque le général de Gaulle est venu ici dans les années 50 mais il n’était alors pas encore Président de la République. Il viendrait en quelque sorte constater la réalité des travaux entièrement financés par l’État pour presque 1 million d’euros. Il corrigerait ainsi une situation assez anormale et qui n’est pas à lui reprocher et qui renforcerait son image ici dans la Marne. Les quatre monuments nationaux dédiés à la Grande Guerre auraient été visités par la plus haute autorité de la France au fil du Centenaire.

 

Essayons de rester optimistes pour croire enfin à la reconnaissance de la Nation. Ce serait d’ailleurs la première fois qu’un Président de la République viendrait à Dormans depuis je crois Louis XVI. Il n’était pas tout à fait Président de la République et il n’avait pas forcément beaucoup le sourire puisqu’il revenait de Varennes à l’époque. Promis, il ne s’agira absolument pas de ça pour notre Président de la République pour lequel nous avons encore une fois beaucoup de respect. Et nous compterons alors sur la mobilisation de chacun pour faire de cet instant

un grand succès et de ce point de vue, s’agissant de la contribution des uns et des autres à nos réussites, je m’associe à Michel Courteaux pour tous les remercier. Et en particulier Le Poilu de la Marne, cette association présente depuis des années sur ce site et présente demain encore et aujourd’hui bien sûr. Nous savons pouvoir compter sur eux pour transmettre aussi ce devoir de mémoire. Je suis particulièrement heureux que l’on se retrouve ensemble ici parce que ce mémorial est au cœur de notre identité locale, celle de Dormans. C’est très important que nous soyons là pour rendre hommage à ces combattants de la Grande Guerre qui avaient 20 ans, 25 ans pour la plupart quand leur vie a été brutalement interrompue. Voilà donc pour que nos enfants, nos petits-enfants, nos descendants ne vivent jamais cela, car attention mesdames et messieurs, la paix même en Europe n’est jamais à considérer comme définitivement acquise et il nous appartient à tous de transmettre notre esprit de vigilance.

 

Je le dis, que les drapeaux bleu-blanc-rouge soient de sortie pour la fête nationale du 14 juillet, c’est bien, même si je ne suis pas certain qu’au-delà des festivités, tout le monde ait à l’esprit le sens à donner à cette fête nationale, malheureusement. Que les drapeaux bleu- blanc-rouge et

la Marseillaise soient présents à tous les carrefours, dans tous les bars, à toutes les fenêtres à l’occasion de chaque succès de notre équipe nationale de football en Coupe du monde, c’est très bien, c’est même très, très, bien. Mais enfin il serait bon aussi que ces drapeaux ici présents, merci à nos amis porte-drapeaux, que ces drapeaux fassent la fierté de nos concitoyens dans leur quotidien et que notre jeunesse n’oublie pas

le sacrifice de ceux qui ont donné leur vie qui commençait à peine pour qu’aujourd’hui nous vivions dans un monde liberté. Merci à toutes et

à tous de ne pas baisser les bras et de transmettre ce message en toute circonstance car ce n’est jamais inutile. La paix est fragile mais il faut croire en l’avenir si tant est qu’on sache le préparer et le construire en tenant compte des errements qui ont malheureusement jusque-là jalonné l’humanité. Ce mémorial, ce rempart contre l’oubli a contribué, contribue, et contribuera, j’en suis sûr, à l’émergence d’un monde meilleur ».

 

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