Pratiques de désherbage des communes : en finir avec les pesticides

Le 22 juillet 2015, l’Assemblée nationale a adopté la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui prévoit la mise en place de l’objectif zéro pesticide dans l’ensemble des espaces publics à compter du 1er janvier 2017.

 

 

L’interdiction vaut pour l’usage des produits phytosanitaires par l’État, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et les voiries. Pour les collectivités, cette décision nécessite une recherche plus active d’alternatives aux produits chimiques.

Un atelier intitulé « Connaître les pratiques de désherbage des communes » s’est tenu samedi 11 juin, dans les locaux du PETR-UCCSA, Ferme du ru Chailly à Fossoy. Cet atelier gratuit à destination des habitants du secteur de Condé-en-Brie fait partie de la Campagne « Apprenons à protéger notre eau » initiée par l’USESA, le PETR-UCCSA, en partenariat avec l’Agence de l’eau Seine Normandie. Une petite poignée de participants (des fidèles) se sont retrouvés autour des animatrices Laetitia Morel, Chargée de mission « Gestion durable des espaces publics » au sein du PETR-UCCSA et Sandrine Viet, Chargée de mission « Protection de la ressource en eau » au sein de l’USESA.

 

La « Gestion différenciée »

 

Un outil vise à protéger et/ou reconquérir la qualité de l’eau en réduisant les quantités de pesticides appliqués en priorité sur les zones à risque et constitue la première étape pour faire évoluer les pratiques d’entretien dans une commune : c’est le plan de désherbage communal. Il s’agit de définir les secteurs où le désherbage est jugé indispensable et ceux où le développement d’une flore spontanée plus ou moins importante peut être tolérée. Une stratégie dite de « Gestion différenciée » explique Laetitia Morel.

Une codification des principaux espaces est alors mise en place. Chaque commune du territoire peut ainsi définir plusieurs zones en « prestige », « soigné », « rustique » ou encore « naturel ». Certains espaces qui étaient traités de manière régulière sont aujourd’hui laissés en prairie, tandis que des parterres ornementaux sont traités plus souvent. Pour éviter les herbes indésirables, le paillage sous les massifs de fleurs est devenu systématique tandis que la fréquence des fauches est ajustée.

 

N’empêche qu’il n’est pas toujours évident de faire accepter à certains habitants le développement des dites mauvaises herbes. « Ça ne sera jamais comme avant. Il n’y a pas de solution miracle » souligne Sandrine Viet.

 

Une pratique des villes adaptée au jardin

 

La gestion différenciée peut s’appliquer chez le jardinier amateur. Est-il nécessaire que le verger soit désherbé de la même façon que l’allée qui contourne la maison ? Faut-il tondre systématiquement l’ensemble de la pelouse tous les dix jours ?
Pourquoi ne pas laisser des zones en paix et n’y intervenir qu’une seule fois dans l’année ? Cette nouvelle optique du jardin s’accompagne donc d’un certain « lâcher prise » du moins pour les recoins les moins fréquentés.

La projection de photos du jardin de Laetitia Morel a permis aux participants de découvrir une illustration de cette approche.

Si la mise en place du « zéro phyto » pour les collectivités est prévue à partir du 1er janvier 2017, « la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel, seront quant à elles interdites à partir du 1er janvier 2019 » a rappelé Sandrine Viet.

 

Crézancy s’est mis au vert

 

A quelques encablures de Château-Thierry, ce gros bourg de 1 180 âmes situé dans l’ex canton de Condé-en-Brie n’a pas attendu la date fatidique pour abandonner les produits chimiques et adopter des techniques alternatives de désherbage. Pour preuve, le nombre de coccinelles (5) figurant sur les panneaux implantés aux entrées de l’agglomération indique le niveau d’engagement de la commune dans la démarche.

Accompagnés de Laetitia Morel et Sandrine Viet, les participants sont allés à la rencontre des employés communaux de Crézancy. Grégory et Jacky ont ouvert volontiers les portes de l’atelier municipal et explicité en toute transparence ce nouveau mode de gestion des espaces publics. Les participants ont eu droit à une démonstration de la balayeuse de voirie. Grâce à son concept multifonctions et ses différents outils, cette balayeuse permet une utilisation tout au long de l’année.

 

Le budget d’entretien des espaces en gestion différenciée est économique. Enfin, pas tout de suite. La mise en route nécessite en effet un peu d’investissement en matériel, quelques études, et une réorganisation du travail des jardiniers.

Pour faire accepter la démarche "zéro phyto" initiée au niveau d’une commune, il est nécessaire de communiquer auprès des habitants afin qu’ils comprennent les changements de modes de gestion et d’entretien en cours. Il est également nécessaire de les faire réfléchir sur la notion de la propreté afin de faire accepter progressivement la présence, ici et là, de végétation spontanée. DB

 


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